Du choix de rester une victime… ou pas!

Pour paraphraser le regretté Coluche, quand un avion s’écrase dans le monde c’est sur ses pompes. Lui, le collègue malmené par son chef. Elle, le pauvre petit oiseau maltraité par son conjoint. Avez-vous remarqué combien certaines personnes accumulent et collectionnent les tuiles tout au long de leur vie? Une rencontre, et ça tourne à la catastrophe, comme si le scénario était écrit d’avance, à la manière de “La chèvre” de F. Veber, en nettement moins drôle. Vous croyez au destin, au paranormal peut-être? La poisse, la scoumoune ça existerait vraiment? Certains semblent pourtant cumuler…

On a tous un ami, un collègue, un parent, qui se complaît dans le rôle de la victime. Et même parfois nous nous surprenons nous-même à nous y mettre et y rester. Un endroit sinistre mais pourtant si familier. Quelques éléments d’éclairage sur ce phénomène répandu et inquiétant qui empoisonne la vie, en particulier des personnes qui le vivent.

Mon mari m’a quitté, je suis malade, j’ai perdu mon job, mon chien est mort, las, que puis-je y faire?

La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille et régulièrement nous sommes confrontés à des obstacles, plus ou moins inaltérables, plus ou moins insurmontables. Le coach n’a pas, encore, hélas, le pouvoir de ramener les morts à la vie, mais pourra peut-être modestement vous aider à trouver en vous les ressources nécessaires à dépasser certains écueils.

D’abord, les problèmes, on en a tous, tous les jours ou presque, et parfois même plusieurs fois par jour. Certaines personnes peuvent les gérer, aisément (en apparence, et en apparence uniquement), et quand ils arrivent à un niveau de gestion qui permet de passer par dessus l’insoutenable (la maltraitance physique et/ou psychologique, la guerre, la torture, le deuil et autres horreurs de toutes sortes) on les appelle des “résilients”.

Qu’est-ce qui différencie donc un résilient d’une éternelle victime? La chance offerte par la vie? La chance ici de rencontrer des épreuves ne fait guère la différence, par contre on peut parler de la capacité, consciente ou inconsciente, à saisir des opportunités, des signes positifs, des éclairs de joie et d’amour, de reconnaissance malgré un ciel sombre, et ce aussi ténus soient-ils. A mon sens, si on ne choisit pas forcément ses problèmes, sortir du statut de victime est par contre un choix délibéré. C’est renoncer à se faire/laisser plaindre pour endosser pleinement la responsabilité, non pas de ce qui nous arrive, mais de ce que nous allons en faire et de comment nous allons construire demain. Et ça commence dès maintenant!

Mais non, me direz-vous, personne n’aime être une victime! Et pourtant… certains passent beaucoup de temps et consacrent de l’énergie non pas pour se mettre dans les problèmes, mais à systématiquement repousser toutes les solutions pour pouvoir y rester. Car être une pauvre chose dans les problèmes attire la compassion de ses semblables, à défaut de pouvoir capter l’attention par une rayonnance positive. A ceux qui craignent d’échouer en tentant de réussir, mieux vaut parfois jouer la carte de l’excellence dans l’échec. Le label de la souffrance. Vous divorcez? Elle c’est pire, son ex est un vrai psychopathe! Vous bossez dur? Ce n’est rien à côté des 26h par jour qu’il travaille (si si!) et tout ça pour un salaire de misère et avec des collègues qui veulent sa peau. Vous souffrez? Elle souffre bien plus que vous. A ce jeu-là, il a toutes les cartes, increvable, as du volant, citerne et véhicule prioritaire (pour ceux qui ont joué à 1000 bornes étant plus jeunes)!

Alors oui, parfois, il est plus confortable de rester dans une situation difficile qu’on connaît bien plutôt que d’oser l’inconnu et le changement. Je suis personnellement convaincue que nous avons tous comme humains les ressources nécessaires pour devenir un résilient, pour reconstruire notre vie sur un apparent tas de cendres, pour vivre heureux malgré l’adversité. Si vous avez voyagé dans des pays lointains, qui ne bénéficient pas de notre confort de vie d’Europe occidentale, vous aurez observé là-bas que l’absence totale de ce confort contraste avec le large sourire affiché par certains autochtones, qu’on peut être dans le dénuement le plus complet et laisser venir le bonheur à soi. Vous aurez rencontré, peut-être, des malades, des personnes accidentées, lourdement handicapées, des personnes ayant dû faire un deuil difficile, même le plus inacceptable comme la perte d’un enfant, ces personnes dégagent une force vitale hors du commun, tandis que d’autres nettement mieux pourvus semblent se noyer dans un verre d’eau.

Quel que soit notre verre d’eau, il est possible d’apprendre à y nager. Et une fois qu’on sait nager, pourquoi pas de se sentir prêt pour un défi plus grand, sans pour autant traverser l’océan à la nage et en solitaire.

Car être simplement heureux, c’est probablement l’objectif le plus simple et le plus ambitieux de tout être humain.

 

Pour aller plus loin:

A propos de la résilience

“Guérir de son enfance” de Jacques Lecomte

Les livres de Boris Cyrulnik

A propos du triangle victime-bourreau-sauveur

“Sortir du triangle dramatique” de Bernard Raquin

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