La tendance actuelle est à la santé, à l’écologie, interne et externe, physique et psychologique. Pas un jour, une heure ne passe sans qu’on puisse lire, entendre, voir, dans la rue, dans les médias un conseil santé, physique ou mentale. Manger sain, frais, fait maison, léger, cru, local ou vegan ou tout ensemble selon les écoles, bouger, suer, être responsable, éco-responsable, courir pour maigrir, pour ne pas grossir, pour s’entretenir, pour relâcher le stress accumulé… Cette quête du bien-être physique, au demeurant positive tant qu’elle est modérée, s’accompagne maintenant d’une quête du bien-être tout court. Le lâcher-prise, la pensée positive, la, richesse intérieure, bref le BONHEUR.
Quand je serai mince, sportif, que je mangerai des lentilles bio achetées en vrac et que j’irai travailler à vélo, alors potentiellement je serai heureux. Et bien curieusement, pas vraiment, drôle de raccourci.
Non pas que le vélo, le bio ou le bobo m’horripile en soi (Et là mes amis de longue date se tordent de rire, mais laissez-moi au moins terminer) non, ce qui me hérisse vraiment c’est cette forme de pensée unique autour de ce qui est BON, et qui rendrait HEUREUX (et quasiment immortel, voir ci-dessus et dans vos médias préférés), et ce qui est MAUVAIS et rendrait malheureux (et nous tuera un jour d’ailleurs c’est inéluctable… le saucisson, les frites, le chocolat, les voitures, le mojito, les bonbons, les gros mots,.. bref tous les plaisirs de la vie).
Et là où l’intention de départ est excellente, se responsabiliser par rapport à sa santé, sa consommation, son équilibre personnel, sa mise en application et en particulier l’image véhiculée relève trop souvent de la pensée unique, totalitaire. Récemment je lisais un article sur la parentalité positive, thème cher à mon cœur s’il en est. Et bien, croyez-moi ou non, ce sujet rend certains parents neurasthéniques. Non pas que la parentalité positive soit mauvaise en soi, pour les parents ou les enfants, mais c’est comme le bio et les légumes, c’est le trop vouloir en faire qui finalement rend nerveux et malheureux.
Pourquoi l’être humain de notre époque veut-il donc aller au delà de ses propres limites? Pourquoi aller dans l’excès dans un sens ou dans l’autre? Pourquoi cette illusion du contrôle? Si j’applique les préceptes de santé, de bonheur, je vivrai plus longtemps et plus heureux?
Est-ce qu’être heureux ce n’est pas aussi, et surtout, être humain, équilibré et faillible? Est-ce que le dépassement de soi, l’entraînement, la sueur, le défi, les règles ne peuvent aussi faire place à la spontanéité, au rire, au laissez faire et à l’inspiration?
Parce qu’au final, ne le vit-on pas au quotidien cet enfer pavé de bonnes intentions? Celui qui nous fait devenir des entraîneurs de niveau international quand il s’agit du match de foot du petit dernier, ou, pire de son avenir tout tracé de manager international multilingue, beau, virtuose et bien dans sa peau? N’a-t-on pas déjà assez à faire avec sa propre existence, sans vouloir en rajouter avec la vie d’autres par procuration (plus l’avenir de la planète et de l’humanité toute entière)? Qu’est-ce qui nous pousse donc à nous dire que si nous sommes pas la top maman, la top employée, la top épouse, ouverte, souriante, sportive, mince, élégante, bonne cuisinière, éco-responsable etc. nous passerons à côté de notre vie, dont tous nous disent qu’elle se peut et se doit (!) d’être heureuse?
Et si le chemin vers le bonheur commençait par la conscience d’être soi, un être humain, unique et imparfait. Si on allait écouter les idées de la petite voix rieuse, la bouche barbouillée de chocolat, de l’enfant que nous sommes toujours au fond de nous pour commencer. Pas simple hein, c’est pas sérieux tout ça. Pas évident d’avouer, de s’avouer qu’au fond ce qu’on aime, peut-être, c’est traîner au lit en pyjama, regarder des séries débiles en mangeant de la crème glacée, plutôt que de courir sur un tapis et qu’on aimerait mieux se promener dehors en respirant l’odeur de la nature sans aucune contrainte de performance.
En fait le bonheur, c’est tout sauf dogmatique. C’est comme le trésor au pied de l’arc-en-ciel, à vouloir le poursuivre, il se déplace et disparaît, et on a même raté en passant le spectacle merveilleux et éphémère que constitue l’arc-en-ciel lui-même.
C’est là que le coaching est un bel outil, car il ne connaît pas la route à l’avance, il n’a pas de conseil à donner. Il ne décrit pas où vous devriez aller, mais il vous accompagnera où vous voudrez aller, si vous voulez y aller, tout en validant avec vous si c’est bien là que vous aimeriez aller.
Alors à tous, bon voyage, il est déjà commencé pour vous et pour moi, avec ou sans coach de vie, en avez-vous seulement conscience? Puisse-t-il faire vibrer votre cœur des plus belles émotions de l’âme humaine!