L’autre jour, je regardais une petite vidéo humoristique qui décrivait ce qui se passerait si un client adoptait les mêmes attitudes au moment de payer avec son boulanger qu’avec un consultant freelance. Il en résulte une scène, au trait volontairement forcé, à la fois désopilante et pathétique où le client explique pourquoi il ne va pas payer son pain, qui n’est après tout que du pain et de l’eau…
Désopilante pour tout le monde, et en même temps un peu amère sur le fond pour la coach freelance que je suis. Réfléchissant plus avant sur le message véhiculé par la petite vidéo, au delà de l’intention de faire rire, je n’ai pu m’empêcher de faire la parallèle avec ce que j’observe des comportements de certaines personnes quand il s’agit de réaliser certaines dépenses.
Notre rapport à l’argent
Même si la mode actuelle est à la décroissance, en intention affichée du moins, le Black Friday semble battre son plein cette semaine, malgré les appels écologistes et le mouvement des gilets jaunes. La consommation de biens, même si elle devient moins emballée et plus responsable, parfois, nous montre qu’elle a toutefois encore quelques beaux jours devant elle. L’argent, comment on le gagne, comment on le thésaurise, ou non, comment on le dépense et combien est une matière très personnelle et un peu taboue pour nombre de personnes en Europe occidentale.
J’ai lu récemment un excellent livre, agréablement écrit qui traite de ce sujet particulier: “Ce que l’argent dit de vous” de Christian Junod . L’auteur, un ancien banquier suisse, reconverti dans le développement personnel, nous y fait prendre conscience des croyances, fortes parfois, que peuvent nous révéler nos comportements autour de l’argent, selon un angle très surprenant et très révélateur.
Tout est question de valeur
Mais revenons-en à nos moutons, qui n’ont pas besoin de bigoudis eux, pour expliciter un peu le titre volontairement un peu provocateur choisi pour cet article. Dans ma pratique du coaching, je constate que la question de se faire payer pour les services qu’on rend à la hauteur de leur valeur n’est guère chose facile. Il y a tout d’abord la question, personnelle, que les coachs débutants doivent régler entre eux et eux-mêmes, du sentiment de légitimité à demander de l’argent pour ses prestations, et aussi de quel tarif appliquer. Heureusement la réponse à cette question peut être travaillée en supervision (la supervision, c’est quand les coachs se font coacher, c’est une pratique saine et régulière qui fait partie intégrante de la déontologie des coachs professionnels) et peut trouver des réponses évidentes, basées sur l’expertise particulière du coach, des formations et certifications qu’il a suivies, de la valeur ce tels services sur le marché. Mais pas seulement.
Aujourd’hui, le tarif d’un service n’est pas calculé sur base de l’équation simple des problèmes du vendeur de patates de l’école primaire (prix de vente = prix d’achat + bénéfice), mais sur base d’une notion à la fois floue et fondamentale, la valeur. La valeur que le service apporte au client, le bénéfice qu’il en retire, et par là même le prix qu’il est prêt à payer pour ce service (qui doit être dans sa tête inférieur ou égal au bénéfice qu’il en retire, faisant l’hypothèse que les humains sont des êtres rationnels, ce qui reste encore à démontrer).
Selon mes observations, qui ont été corroborées par les échanges avec mes collègues coachs, les services de coaching intéressent, intriguent, et pas mal de personnes sont prêtes à essayer. En particulier quand le coach débutant doit pratiquer et cherche des volontaires pour exercer son art, ce qui débouche sur des échanges riches, une acquisition d’expérience et également l’accumulation d’heures pro bono. Une fois la vague promotionnelle passée, il est difficile de continuer le parcours, payant cette fois, alors que le retour a été dans la majorité des cas excellent sur le travail réalisé par le coach et les progrès observés par le coaché dans le chemin vers ses objectifs.
Figaro, Figaro, Figaro…
D’où ma question, ouverte et rhétorique: Pourquoi des personnes qui parfois vont chaque semaine chez le coiffeur rechignent-elles à investir un montant similaire pour leur développement personnel, environ toutes les 3 semaines seulement et pour une durée très limitée dans le temps, alors qu’ils ont eux-mêmes ressenti et exprimé les bénéfices importants qu’ils pouvaient en retirer?
Son propre bien-être, l’atteinte de ses objectifs personnels ou professionnels, un meilleur équilibre, vaut-il moins qu’une couleur, une coupe et un brushing?
Je vous laisse y réfléchir tout à votre aise. En précisant que j’adore mon coiffeur, et que je ne voudrais en aucun cas lui faire de la concurrence déloyale. 😀